Qui de nous n'a pas vue de scène où tout un groupe est se tient physiquement au même endroit, mais où chacun est absent mentalement, focalisé sur son smart phone. Du métro à la salle d'attente, de la queue du supermarché à la table de cuisine, dès que l'on a 2 minutes sans rien faire, le réflexe a été pris de sortir cet objet de sa poche, histoire de tromper l'ennui... Il parait que les ostéos font recette depuis qu'ils doivent soigner des gens aux cervicales douloureuses, pliés qu'ils sont sur leur petit écran... J'en suis atterrée. Le pire dans tout ça est que je fais partie de ces personnes qui consultent leur écran en permanence. J'ai moi-même été embarquée par ce fléau-réflexe. Comme si aucune volonté ne me permettait de le laisser dans un coin pour ne le consulter que de temps en temps. J'ai pourtant longtemps résisté, laissé dans l'entrée ce portable sans avoir besoin de lui. Indépendante... Mais ce temps-là semble révolu....
Alors qu'en est-il des effets de ces usages plus ou moins choisis du numérique sur nos familles? Les parents consultent leur portable pour un oui ou pour un non, lisent leurs mails, écrivent ou font des vocaux sur whatsapp, consultent les journaux ou la météo. Parfois ils vont sur les réseaux, Facebook, LinkedIn ou "Insta" et s'enfilent quelques vidéos postées par les uns ou les autres. Les petits jouent et communiquent par différents "chat". Ils regardent des videos sur youtube, dont le flot est en continu, s'assurant que celui qui s'y est penché n'aura pas une minute pour réfléchir au désir qu'il a de continuer ou pas. Et au milieu, les ados, sont sur les réseaux. Snap, tiktok et j'en passe.
A chacun sa drogue.
Alors 2 résultats: tantôt on subit bon an mal an cette situation où nos écrans s'invitent au milieu de notre famille, tantôt on a un gyrophare intérieur qui s'insurge et nous fait sortir de nos gonds. Il suffit d'une réflexion d'un prof sur un mauvais résultat scolaire, ou d'une lumière intérieure qui nous fait prendre conscience qu'aucun rire ne fuse plus dans la famille. Ou encore du changement de look de notre teen, ou d'un de ses comportements devenu étrange. Il suffit que nous remarquions subitement son état de renfermement, ou du silence qui règne à table, pour que tout à coup le volcan qui sommeillait en nous entre irruption et fasse couler sa lave brûlante sur tous les membres de la famille... Et là, Dieu sait ce qui peut se passer, en fonction de notre tempérament: hurler, priver, couper le wifi, décupler les contrôles parentaux ou encore racheter des "9 touches". Tel un nageur menacé de noyade, nous nous débattons par tous les moyens pour faire revenir notre famille... dans la tempérance et la raison, dans la communication, le rire, les jeux ou la danse. Dans la lecture d'une BD ou d'un magazine papier.
Et si nous commencions par faire un état des lieux: dans cette famille qui fait quoi quand avec un écran ? Pour quoi ? Qu'est-ce qui relève du travail ? de l'amusement ? de la création ? de l'entretien des liens? De la détente?
Que voulons-nous vraiment ? Que choisissons-nous ?
Une chose est sûre: c'est à nous de faire en sorte que la machine ne dépasse pas l'Homme. Faisons preuve de réflexion, de prise de hauteur et enfin de décision.
Retrouvons notre liberté, choisissons en pleine conscience où nous portons notre attention. Et gardons à nos outils la place d'outils...
Quant à moi, je vais de ce pas poser mon portable sur la table de l'entrée...